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Philosophie I
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En septembre 1958, nous étions une cinquantaine d’étudiants, ce qui ne permettait pas de faire deux classes. Comme nous devions entrer dans le Pavillon de philosophie l’année suivante et vivre dans des chambres individuelles, les autorités du Séminaire ont tenté une expérience pour faciliter l’apprentissage de l’autogestion du temps d’études. Nous avons donc suivi les cours en un seul groupe dans le local de réunion de la Congrégation mariale situé du côté des classes d’Éléments ou de Syntaxe. Mais au lieu de faire les travaux scolaires à la salle d’études avec les étudiants de la Grande salle nous travaillions dans ce même local sans surveillant, sauf que parfois un Maître de salle, l’oreille attentive, se promenait dans le corridor lisant son bréviaire d’un œil. Cette localisation a fait réagir des jeunes d’Éléments tel que mentionné ci-dessous :

 Entendue à la porte de la classe de philosophie, cette conversation entre deux élémentaires :

— Comme ça, la philosophie, c’est une classe de la petite salle ? Moi je pensais que c’était dans les dernières classes…

— C’est parce qu’il y a en a deux : celle des grands et celle des jeunes : tu vois « philosophie junior » en haut de la porte.

— Hé ! regarde ces grands rideaux blancs derrière la classe ! À quoi cela peut bien servir ?

— C’est peut-être pour faire des vues… On ne sait jamais…

(Roger Desrosiers, La visite des classes, La Vie Écolière, no 543, 1958, p. 5)

Comme le local était très long, de grands rideaux blancs séparaient l’espace arrière non utilisé de la partie classe proprement dite. L’arrière-scène a été utilisée à différentes activités irrégulières : parties de cartes, discussions et parfois pour « 
Utilisé ici au sens large : fumer une cigarette et non au sens strict : fumer un joint.
dutcher
 ». Règle générale, l’atmosphère était à l’étude étant donné la charge de travail. La fatigue, l’influence des astres ou l’arrivée du printemps incitaient parfois à transgresser les interdits.

C’est dans cette salle que nous avons compris que Jean-Paul Carrier n’avait pas la même chimie que celle du professeur, l’abbé Yves-Marie Dionne, et que le sommeil de Jean-Claude Morissette était parfois dérangé par la craie de l’abbé Marc Lebel, professeur de maths.

L'étude de la philosophie commençait par l'apprentissage de la logique à partir du livre de Mgr Grenier. Nous étions parfois mêlés dans la construction des syllogismes. La logique a beau être purement intellectuelle, elle reflète des valeurs sociales. Cette démonstration péremptoire dans son manuel de morale nous fait sursauter aujourd'hui car on la croirait tirée du Coran :

L’autorité dans la société paternelle, appartient principalement au conjoint qui est naturellement supérieur à l’autre. Or, le père est naturellement supérieur à la mère. Donc l'autorité, dans la société paternelle, appartient principalement au père.

À la majeure. — L'autorité est une prérogative de celui qui est supérieur.

À la mineure. — L’homme est naturellement supérieur par sa force corporelle, par la fermeté de son jugement, etc. [sic !]. Et s’il arrive parfois qu'une femme soit supérieure à un homme, c'est là un cas accidentel.

Grenier, 1941, p. 305-306

Les sports ont toujours eu une place importante dans la vie du collège. En 1958, le soccer était devenu le principal sport organisé après les olympiades durant l’automne. Mais des étudiants avaient tendance à être insatisfaits de l’offre sportive. Après avoir talonné l’abbé Desjardins, nous avons eu l’autorisation de jouer un match de football. Faute d’équipement, nous avons joué la version sans contact dite « touch-football ». Les élèves des deux Philos ont gagné in extremis contre les élèves de Lettres.

Comme le dit si bien Régent Gagnon dans La Vie Écolière de l’automne 1958, ce fut le seul et unique match de football joué au Séminaire.

Devant la grande insistance de plusieurs fervents, il fut décidé, un certain après-midi, qu’on tenterait un essai pour implanter le « football » au Séminaire. Premier essai éphémère qui ne sera suivi, ni d’un deuxième, ni d’un troisième essai, puisqu’on a décidé que ce jeu était trop rude pour des séminaristes amateurs. À l’instar de Lafontaine, il ne nous reste qu’à dire : « Adieu, touché, placement, converti, coups de coude et « doulces jambettes ».

(Régent Gagnon, Regendinades, La Vie Écolière, no 543, 1958, p. 12)

Pendant ce temps, la construction de Pavillon de philosophie avançait rondement. Au mois de mai 1959, les parents ont reçu une invitation pour assister aux prestations sportives et culturelles des étudiants et voir le nouveau Pavillon.



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